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Pourquoi les fondements de la théorie économique sont erronés

23/09/2025

Pourquoi les fondements de la théorie économique sont erronés

L'environnement, le grand absent de la prise de décision économique

Alors que j’étais en train de relire mes notes pour le cours de Terminale intitulé « Quelle action publique pour l’environnement ? » que je vais débuter demain, je me suis dit qu’il était grand temps que je prenne la plume pour parler d’un sujet qui me tient à cœur depuis très longtemps. J’ai commencé à y réfléchir au début du printemps 2020, pendant le premier confinement (eh oui, je suis sûre que vous l’aviez presque oubliée, cette chère Covid-19 !).


Depuis, j’ai contacté plusieurs enseignants-chercheurs. L’année dernière encore, j’ai tenté ma chance, dans l’espoir de pouvoir réaliser des recherches approfondies sur le sujet dans le cadre d’une thèse de doctorat, et ainsi participer à l’amélioration de notre système sociétal. Je n’ai jamais reçu de réponse. Ni oui, ni non… ni autre chose (promis, je reste polie).


Pendant longtemps, je me suis demandé pourquoi. Aujourd’hui, j’ai compris. Remettre en cause les fondements de la théorie économique communément acceptés depuis les années 1870, c’est sûr que c’est un peu osé. Je me suis interrogée longtemps sur ma légitimité à pouvoir le faire, mais je ne pense pas que la raison soit vraiment là.


Les défis économiques, sociaux, environnementaux, géopolitiques, et j’en passe, auxquels notre société est confrontée actuellement (et ils sont légion !), n’en valent-ils pas la peine ? Apparemment, non. Je pense réellement qu’une partie de la population a intérêt à ce que les choses restent telles qu’elles sont. Que l’on ne se pose pas de questions. Que l’on ne s’éveille pas à ce sujet.


Les programmes scolaires sont d’ailleurs tournés en ce sens, que ce soit dans le secondaire ou le supérieur. On continue à former des générations entières d’étudiants à des théories économiques erronées qui gouvernent pour la plupart nos sociétés actuelles, sans jamais remettre cela en question. Cela en dit long.


A présent que j’ai installé un suspense insoutenable et que vous trépignez d’impatience à l’idée de savoir de quelles théories je parle, attrapez un café, un paquet de chips, ou ce que vous voulez, et installez-vous confortablement.


Pendant ce temps, laissez-moi vous faire un topo à propos de la théorie néoclassique sur la prise de décision individuelle. En d’autres termes : comment la théorie économique prédit-elle le niveau de consommation d’une personne, ou le niveau de production d’une entreprise ? Vous allez voir, c’est très simple, et bien plus simple que ce que vous ne pensez.


Comment un consommateur prend-t-il ses décisions d’achat ?


Commençons par le point de vue qui sera le plus facile à adopter pour vous, à savoir, celui d’un consommateur. Votre objectif, c’est atteindre une satisfaction maximale grâce aux achats que vous réalisez. Pour cela, vous êtes contraint par votre niveau de revenu. Grâce à un programme mathématique d’optimisation, vous pouvez calculer le nombre de biens et de services que vous allez pouvoir acheter au maximum, compte tenu de vos préférences et de votre budget.


Par exemple, si vous disposez de 100€ pour faire les courses de la semaine, que vous adorez les pâtes et le poulet, mais que vous détestez le chou-fleur et les sardines, vous pouvez aisément deviner ce qu’il y aura dans votre panier au moment de passer à la caisse. Vous pourrez payer la caissière, tant que la quantité choisie de pâtes et de poulet ne dépasse pas la somme des 100€ que vous avez en poche.


On peut étendre cet exemple très simple à votre revenu mensuel, qui serait à répartir entre vos charges obligatoires (loyer, factures, etc.) et vos loisirs (livres, sorties VTT, etc.). Vous avez vu, il n’y a rien de bien compliqué jusqu’à présent. Plus vous avez de revenus, plus vous pouvez consommer de biens et de services, l’objectif étant bien sûr d’atteindre le niveau de satisfaction le plus élevé possible. Pour cela, vous allez choisir de dépenser votre argent dans les produits que vous aimez, sauf quand vous y êtes obligé.


Vous le voyez venir, le problème ? Non, vraiment, vous ne le voyez pas ?


Et l’empreinte écologique alors, on en parle ou pas ? Bien sûr que non. A aucun moment, on ne tient compte des limites d’exploitation de notre environnement dans ce calcul, qui est soi-disant sensé optimiser notre consommation. Il n’existe pas, dans ce modèle, de contrainte quant au niveau de ressources naturelles maximal à utiliser par personne pour un temps donné sans que cela ne dégrade l’environnement.


Pire, la théorie économique valide le fait que plus on a un niveau de revenus élevé, plus on peut consommer, et donc plus on atteint un niveau de satisfaction élevé. L’argent fait le bonheur, en somme. Peut-être pas celui de la planète, mais le nôtre, certainement. Et encore, c’est largement discutable. Mais dans une société matérialiste, effectivement, cette théorie fonctionne bien.


Allons voir maintenant comment cela se passe du côté des entreprises.


Comment une entreprise prend-t-elle ses décisions de production ?


L’objectif d’une entreprise, c’est de maximiser son profit. Pour cela, elle doit vendre toujours plus de biens et de services. Pour les produire, elle a besoin de ce que l’on appelle, dans le jargon économique, de facteurs de production : du capital (machines, usines, infrastructures, etc.) et du travail (mesuré en nombre d’employés ou en nombre d’heures de travail). Ces facteurs ont bien entendu un coût, que l’entreprise tente de minimiser.


Tout comme le consommateur, l’entreprise dispose, elle aussi, d’un programme mathématique d’optimisation, qui va lui permettre de déterminer la quantité de biens et de services qu’elle va pouvoir produire, sous la contrainte de ses coûts de production. Plus elle produit, plus son coût de production baisse (c’est ce que l’on appelle, dans le jargon économique, des économies d’échelle), plus elle peut fixer un prix bas, donc plus elle vend, et plus elle réalise un profit élevé.


Vous ne trouvez pas que les deux théories se complètent merveilleusement bien ? Pour satisfaire nos besoins illimités, les entreprises produisent le maximum de biens et de services. La seule contrainte étant finalement le coût financier d’accès au capital et au travail.


J’ai vu votre main levée au fond de la classe, et je sais déjà quelle question vous allez me poser. Je vous entends d’ici : « mais, madame, il n’y pas aussi besoin de matières premières pour produire des biens et des services ? ».


Tout juste, Auguste ! Mais à nouveau, la théorie économique n’en tient pas compte. A nouveau, elle valide le fait que pour maximiser le profit, il faut produire toujours plus de biens et de services. Et ce qui est génial, c’est que la théorie économique est truffée de modèles permettant de produire toujours plus de biens et de services, pour un coût de production toujours plus bas.


Et l’empreinte écologique alors, on en parle ou pas ? Bien sûr que non. A aucun moment, on ne tient compte des limites d’exploitation de notre environnement dans ce calcul, qui est soi-disant sensé optimiser notre production. Il n’existe pas, dans ce modèle, de contrainte quant au niveau de ressources naturelles maximal à utiliser par entreprise pour un temps donné sans que cela ne dégrade l’environnement. (Vous avez vu, j’ai presque fait un copier-coller.)


Ces deux théories sont les deux faces d’une même pièce. Ces deux théories sont les premières qu’apprend tout bon étudiant qui débute un cursus de microéconomie à la fac. Et cela ne semble poser de problèmes à personne.


En résumé : pourquoi les fondements de la théorie économique sont-ils erronés ?


Parce que les hypothèses qui sous-tendent les modèles de prédiction des choix de consommation des individus, et de production des entreprises, sont incomplètes. Le facteur environnemental est complètement absent de ces deux théories. Comme si les ressources naturelles étaient illimitées. Comme si extraire ces ressources ne polluait pas. Comme si les déchets causés par la consommation et la production ne dégradaient pas les écosystèmes. Comme si, comme si, comme si… La liste est longue.


Alors, bien sûr, il existe d’autres théories. Mais d’une part, elles sont peu connues, car peu enseignées. Et d’autre part, elles ne font pas partie de ce que l’on appelle la théorie dominante, sur laquelle se basent une large part des articles de la recherche scientifique en économie, qui eux-mêmes sous-tendent en partie aussi les décisions politiques…


Moi non plus, je n’enseigne pas ces autres théories. Elles ne sont pas au programme du cycle terminal en SES. On aborde la notion de soutenabilité de la croissance, et c’est à ce moment-là que je fais un peu de sensibilisation sur le sujet. Mais c’est loin d’être suffisant. Et comme il y a les impératifs du bac, on ne peut pas passer un temps indéfini à en discuter avec les élèves.


Et puis, comme on a des outils de politique publique permettant de réguler la consommation et la production (hum…) et qu’il y a le progrès technique pour améliorer les produits et les procédés de fabrication (hum hum…), nous sommes tous sauvés, et pouvons dormir tranquillement sur nos deux oreilles. Ce n’est pas demain la veille que tout risque de s’effondrer…


Mais, mais, mais, tu vas nous laisser comme ça ? Sans solutions ?


Non, non, non, pas de panique. J’ai prévu d’écrire d’autres articles sur le sujet. Mais chaque chose en son temps.


Il est certain qu’il faudrait proposer un nouveau programme d’optimisation de la consommation et de la production qui tiendrait compte de la limite environnementale… De sorte à réaliser un compromis entre nos besoins illimités en tant que consommateurs, la capacité toujours plus importante de nos entreprises de produire à bas coût, et le niveau de ressources naturelles maximal à utiliser pour un temps donné sans que cela ne dégrade l’environnement…


Ce programme existe-t-il ? Comment fonctionnerait-il, si cela était le cas ? Suspense.